Pourquoi 76% des RH se disent sceptiques face à l’IA
En première ligne face aux mutations du travail, les professionnels des RH semblent aujourd’hui réticents à l’adoption des premiers outils IA : seuls 9% des répondants déclarent les utiliser dans le cadre de leurs fonctions et 76% ne souhaitent pas les mettre en œuvre. C’est ce qui ressort de l’étude menée par Kelio dont voici les autres résultats.
“L’IA va se généraliser dans le monde du travail : assistance virtuelle, génération de contenus, gestion de projets, etc. Dans les années à venir, les professionnels des Ressources Humaines devront composer avec ces nouvelles technologies et leurs enjeux (évolution des emplois, automatisation, menaces liées à l’éthique, fiabilité des données, transparence, etc.), tout en préservant l’humain, qui restera leur cœur de métier. Si cette enquête montre une véritable défiance des professionnels RH vis-à-vis de l’IA, on peut ainsi l’analyser comme un réflexe légitime de prudence qui s’atténuera lorsque les outils auront fait la preuve de leur valeur ajoutée et de leur fiabilité. Contrairement à ce que certains acteurs voudraient nous faire croire, il est inutile de se précipiter et de prendre des risques juridiques non-mesurés”, souligne Eric Ruty, Directeur Général de Kelio.
L’enquête Kelio permet cependant de nuancer cette opposition. Ainsi, les jeunes responsables RH montrent un attrait pour ces nouvelles technologies : 25% des répondants âgés de moins de 30 ans indiquent qu’ils aimeraient les utiliser, contre 13% des quarante ans et plus ; 25% des responsables RH d’entreprises de + 250 salariés font part de leur intérêt, contre 11%, pour les entreprises de 20 à 49 salariés.
Les DRH ont un rôle clef à jouer pour renforcer la confiance et lever les freins à l’adoption de l’IA
Aujourd’hui, moins d’un responsable RH sur deux fait confiance à l’IA pour rendre un travail de qualité (46%). Des disparités sont malgré tout à relever, selon le niveau hiérarchique des répondants :
- Les DRH semblent plus enclins que les RRH, leurs N-1 : 18% utilisent déjà l’IA (vs 7% des RRH), dont 6% de manière importante. 32% se projettent sur une utilisation plus intensive à l’avenir (vs 13%) ;
- Les DRH affichent un niveau de confiance beaucoup plus élevé que les RRH : 62% contre 42%.
Parmi les freins que les DRH auront à lever pour convaincre leurs équipes des bénéfices de l’IA, on peut noter : l’incompatibilité des outils avec leurs procédures actuelles (41%) et le respect de la confidentialité et la sécurité des données personnelles (38%). A noter que même les responsables RH favorables à l’utilisation de l’IA se montrent inquiets concernant la sécurité des données (54%). Cette question est particulièrement sensible pour les responsables RH des entreprises de 100 à 249 salariés (53%). 32% des répondants évoquent ensuite un manque de compétences et de formation spécifique, 29%, une forme de résistance au changement chez leurs collaborateurs, 22%, les coûts liés à l’implémentation d’outils dédiés et, 21%, le manque de solutions adaptées à leurs besoins spécifiques.
Des outils qui devront être adaptés aux missions et contraintes des RH
Malgré tout, le recours à l’IA est jugé particulièrement intéressant dans deux domaines d’intervention majeurs des RH : le recrutement (41%) et la gestion administrative – paie, congés, etc. – (45%). Plus secondaires, d’autres domaines sont à mentionner : la formation et le développement des compétences (28%), la planification stratégique (27%), l’évaluation des performances (24%) et l’amélioration de l’environnement de travail (diversité, inclusion, bien-être au travail) – (20%).
Pour s’imposer, les outils IA dédiés aux RH devront ainsi répondre aux besoins spécifiques des professionnels du secteur, tout en tenant compte de la particularité de leurs procédures (confidentialité, gestion de données sensibles, adoption par les collaborateurs, etc…).
L’IA, une aide qui pourrait s’avérer particulièrement précieuse dans le domaine du recrutement
87% des professionnels RH estiment que l’IA constituerait une aide précieuse dans la gestion du processus de recrutement et plus particulièrement dans sa phase préparatoire : rédaction de l’offre (57%), publication et diffusion des annonces (63%) ; ainsi que et dans le traitement des candidatures reçues : vérification des informations fournies par les candidats (51%), gestion des candidatures retenues (45%).
Parmi les autres tâches qui pourraient être déléguées à l’IA, ils évoquent, dans une moindre mesure : la planification administrative et budgétaire du recrutement (33%), la définition du poste (31%), la rédaction de la proposition d’embauche (28%), l’évaluation des candidatures reçues (24%) ou encore le suivi post-recrutement (21%).
Malgré le potentiel de l’IA, le contact humain demeure incontournable lors du processus de recrutement : 90% des RH n’envisagent pas de déléguer la passation des entretiens à une IA. Seuls 6% pourraient concevoir de lui confier la sélection finale de ces derniers et 8% la négociation avec ceux retenus pour des postes à pourvoir.
Source: InfoDSI